La source des enseignements

Ces derniers temps, des lamas importants sont décédés. Je voudrais partager quelques réflexions sur ce que cela m’inspire.

Être lama se fait par la réalisation d’une retraite de 3 ans. Personnellement, si j’ai une admiration certaine pour le courage, l’engagement, l’implication sur ces retraites, et tout ce que cela implique comme qualités humaine et soif de « quelque chose », je suis beaucoup plus circonspect sur l’idée qu’une telle retraite suffise pour produire des guides de lumière authentique, surtout si leurs expériences intérieurs ne sont pas prises en considération et qu’ils ne sont pas « évalués » à la fin de la retraite.

En effet être un guide de lumière, c’est quelque chose, à mon sens, qui ne répond pas à un « cursus de type scolaire ». C’est une démarche intérieur profonde, qui d’ailleurs souvent ne date pas d’une vie, ou l’être se traverse, intègre son ombre, plonge dans des dimensions de son être dépassant sa personne et le connectant à un espace dépassant ses propre limites, s’élevant dans des aspects supérieurs de la conscience. 

Une telle démarche, à mon sens, n’est pas relié à un cursus type, une retraite, mais à une démarche de tous les jours, constantes, répétés, nourries, et intégrée dans la vie de tous les jours.

Je ne dit pas qu’une telle retraite de 3 ans ne permet pas cela. Je pense au contraire que cela fournit un espace merveilleux pour un tel travail, mais ce n’est pas parce que cet espace est présent qu’il est forcément toujours bien utilisé.

Pour ma part, j’ai parlé avec des retraitants, donc des lamas techniquement, et je suis mitigé. Si j’ai trouvé des personnes que j’ai trouvé vraiment inspirantes et brillantes, il y en a d’autres dont j’ai l’impression que c’est surtout leur tête qui a été nourrit.

Je suis beaucoup plus touché et inspiré par celui qui dans son cœur porte l’univers, les torrents, les forêts, les étoiles, la force du sauvage, le mystère et l’amour plutôt que par celui qui dans son cœur porte des attachements à ses titres, la considération qu’on lui porte, ses vêtements cérémoniels…

La vérité, c’est que l’apprentissage, c’est tous les jours. La terre est une école, et dans la vie de tous les jours, il y a beaucoup à apprendre et un espace incroyable pour intégrer ce que l’on pense avoir compris.

Je ne vais pas m’attarder sur cet aparté, et continuer en reprenant le thème principal. Ces lamas décédés, un de l’école des anciens, et un de l’école Gelugpa, pour moi sont des êtres qui ont un grand niveau, et sont des guides authentiques.

Traditionnellement, dans le bouddhisme tantrique, quand un enseignant décède, ses disciples récitent des prières pour qu’il se réincarne vite. A titre personnel, cela m’interroge. La vrais prière de retour de ces guides, à mon sens, et cela concerne toutes les traditions, c’est la soif, l’intérêt, un feu intérieur intense qui met en mouvement. Si on demande à ce que des guides viennent ou reviennent, c’est par ce que l’on a soif, on brule pour avoir le dharma, on a une intensité intérieur pour s’extraire des souffrances et de la dualité, pour embrasser la lumière.

A mon sens, c’est cela la vrais prière pour leur retour. Sans cette soif, si il n’y a aucun intérêt, à quoi sert le guide ? Autant aller faire d’autres choses.

Mais ces prières de retour me font penser à une chose que je souhaiterais partager. Quand on demande à un guide de lumière de revenir, c’est une demande « externe ». Il y aurait à mon sens une demande « interne » ou plus secrète, c’est à dire plus profonde et moins évidente, qui signifie : « puisse l’enseignement de ces êtres murir et s’incarner en moi », et également « puisse cette présence, cette lumière qui s’est adressé à eux et a couler à travers eux, puisse t’elle naitre en moi, s’enraciner en moi ». Ainsi, on devient des prolongements, en quelque sorte de ces guides, on devient des portes et fenêtres à travers laquelle leurs activités continuent à s’exprimer.

En gros, on demande à devenir nous aussi, à notre niveau, porteur de la lumière et de la présence qu’ils ont manifesté, et de grandir avec elle.

Cela, à mon sens, c’est la vrais prière de réincarnation. Que s’incarne cette présence aussi en nous afin que l’esprit des maitres continuent à agir à travers nous, à travers notre sensibilité.

Pourquoi toujours voir le guide comme extérieur ? Il parle, ou elle parle car les femmes ne sont aucunement moins bien placé pour enseigner, mais qui s’exprime ? Le principe du guru, qui je souligne est un principe et non une personne, qui s’exprime à travers un être. Et ce principe est présent en tous. Alors pourquoi ne pas se relier à cette  présence mystérieuse qui enseigne, initie, transmet à travers un être ?

Si on voit un guide comme un corps de chair, alors on le perdra à la mort, et si on n’est pas dans sa présence, on est loin de lui. Mais si on prend conscience que le principe du guru qui a fécondé cet être et en fait son messager, n’est pas le corps mais utilise le corps, et que ce principe est en nous et en tous l’univers, alors il n’y a jamais de séparation. Même la mort est une séparation illusoire. Car à ce moment, l’esprit du guide voyage dans l’univers, et pour les plus grands, fonds dans l’univers et au delà sans disparaître. Penser au guide c’est se relier à sa présence, à son esprit, et recevoir ses bénédictions.

C’est comme une statue de divinité. Si par des actions magiques ou par une intense dévotion cette statue se fait le scaphandre efficace d’une déité, alors peut être des miracles se produiront quand les gens la prieront ou seront en sa présence. Mais la statue n’est pas la déité. Si la statue est détruite, la déité n’est en rien affecté ou concernée. Mais c’est à nous par la force de notre sincérité, à toucher cette déité, et si on la touche, si on établie cette reliance, alors on est là toujours avec elle. Si on pense aussi à cette statue, bien que détruite, cela nous reliera de nouveau à elle.

La déité ou l’esprit du guide, est comme un soleil, et certains « cristaux » reçoivent cette lumière et la réfléchissent. Si par chance vous rencontrez un cristal humain qui irradie cette lumière infinie, considérez le, mais ne vous arrêtez pas à son corps. Reliez vous à la présence solaire, divine, christique, qui coule à travers. Cette présence, jamais ne meurt, car elle ne nait pas non plus. Elle coule de la source et s’exprime à travers les cristaux qui la reçoivent. Si un cristal est rouge, la lumière qui coulera sera rouge, et sa forme changera aussi l’aspect de cette lumière, personnifiant la sensibilité et l’orientation particulière de ce cristal humain.

Un véritable maitre n’est pas limité par son corps, il a contacté des aspects de la conscience vaste et profond. Son esprit illumine et embrasse d’une façon océanique et solaire. Sai Baba de Shirdi par exemple indique qu’il réside, c’est à dire pas sa personnalité mais ce qu’il incarne, le principe qu’il porte, dans tous les cœurs. Après son départ, il continue à agir. Penser à lui, c’est se relier à lui, c’est recevoir sa bénédiction. Car il existe bien sur d’une façon externe, mais la présence qu’il incarne et s’est révélé à travers son corps est immuable et présente partout, et elle aussi nous bénis.

Il est dit dans le bouddhisme tantrique que les 3 corps d’un bouddha, que je vais appeler avec les noms qui me parlent, pardon d’avance aux puristes attachés aux mots et à l’orthodoxie (je suis davantage attaché à faire passer une perception qu’un concept doctrinal), est le corps de vérité qui embrasse l’espace infinis, semblable au ciel, le corps de vibrations et de lumière qui brille comme l’arc en ciel, manifestant des visions et manifestations et pourtant sans substance réelle, et le corps d’émanation qui peut être un corps physique.

Mais les corps d’émanations d’un bouddha peuvent être nombreux. Cela peut être des humains, mais aussi des objets… C’est à dire que quand on se relie au corps d’un maitre, c’est à travers le corps d’énergie et le corps de vérité que sont véritablement transmis les choses. Le corps n’est qu’une véhicule.

Quand dans un rêve on reçoit une initiation, une transmission, un enseignement, est-ce que c’est un corps physique qui nous enseigne ? Non, c’est le sambogakaya, ce corps d’énergie qui n’est limité par aucune distance, aussi vaste soit-elle. C’est aussi pourquoi on peut recevoir bien des choses à distance. Ceux qui sont attachés aux objets, vases, pilules… pour considérer qu’une initiation est transmise, à mon sens, se trompent d’une certaine manière, car ce ne sont que des supports pour transmettre l’initiation. Ils peuvent être utiles, mais ne sont pas déterminants.

Et quand le corps d’émanation, le nirmanakaya disparaît, est-ce que les deux autres corps disparaissent ? Aucunement, et ce qui passait à travers eux continue à transmettre et agir. Aussi, il est important et essentiel de cultiver la reliance affective et énergétique, car les choses continuent. Mais l’effort pour recevoir et entendre est autre.

Comprenons aussi que cette présence divine qui parle à travers un véritable enseignant de lumière est vaste et peut parler à travers vous. C’est aussi le principe, encore à un autre niveau, des lignée, à savoir qu’une présence qui a « allumé une bougie » peut aussi « allumer la votre ». L’être qui a vécu, si il est visualisé, est présent. Son esprit, et surtout l’Esprit qui parlait à travers lui ou elle, se révèle par cette attention et amour. Et les bénédictions surviennent.

A la mort d’un maitre particulier, une enseignante de la lignée m’indiquait en substance, je ressort l’intention pas les paroles exactes « ne le cherche pas dans son corps. Il a fondus avec tout l’univers. Il est dans le vent, l’eau, le ciel, la terre, les étoiles, partout ». Le visualiser, c’est déjà être en sa présence.

Neem Karoli Baba, grand maître hindous, mais bien au delà de toutes étiquettes, disait qu’à sa mort, il aurait encore plus de possibilités d’agir et de faire le bien.

La petite Thérèse a indiqué qu’elle « passerait son ciel à faire du bien sur la terre », et ce ne sont pas des paroles vaines. Elle est bien présente. Pas besoin d’être chrétien. Le paradis n’appartient pas au chrétiens, et la libération n’appartient pas au bouddhiste. Ceux qui se croient arrivés parce qu’ils ont rejoint une religion ont à mon sens certaines notions erronées à défaire.

L’invisible est présent, et à notre époque, tellement accessible. Mais à quoi se branche t’ont ? L’important, l’essentiel, c’est l’intention. Qu’est ce que tous les maitres lumineux ont en commun ? Au delà de leurs langages, au delà de leurs sensibilités, de leurs traditions, de leurs manières d’être et d’agir parfois même opposés… il y a quelque chose que tous ont en commun : l’amour, le don de soi, l’élévation de conscience, la sortie de sa petite personne pour embrasser une attention plus vaste. Ce qu’ils ont en commun, c’est de capter des rayons de ce soleil qu’est l’amour. Je précise que l’amour n’est pas toujours apparent comme on le croit. Par exemple Raspoutine a très certainement un amour véritable, mais il n’est pas dans la norme on va dire.

Alors comment les retrouver, comment se rapprocher de leur lumière jusqu’à permettre à notre être de s’éclairer et d’accéder à plus de transparence ? En se connectant à cet esprit qui les unis, que l’on peut appeler en langage chrétien « chercher le Royaume de Dieu et sa Justice et l’Age d’Or parmi les humains », ou parmi les bouddhistes « Boddicitta » ou « esprit d’éveil », ou alors simplement chez des philosophes réfléchis et profonds, être humain. Naitre humain est automatique, devenir humain est une réalisation. C’est comme tenir debout ou être debout : il y a un monde entre les deux. Si le jour de ma mort, je suis considéré comme un humain véritable, debout, je considérerais que cette incarnation n’aura pas été gâchée.

Donc comment se relier à cet invisible de lumière ? En intégrant et vibrant avec cette intention qui dépasse sa propre personne. En jetant l’intention « moi, ma famille et quelques amis » dans l’océan de l’universalité et placé la vastitude de l’espace embrasé de la félicité du soleil dans le cœur, et sur cette croix de l’amour (vertical) fécondant l’espace infinis (horizontal), laisser surgir sur cette croix la rose sauvage, signe mystique des initiés libre, et laisser son parfum imprégner nos actes.

Une radio doit se synchroniser avec certaines ondes pour recevoir la bonne musique. Ici c’est pareil. Comment recevoir la lumière ? En élevant son intention, entre autre. Jésus ne dit-il pas « cherchez le Royaume de Dieu et tous le reste vous sera donné par surcroit ? ». Jeune, je ne savais pas grand chose, et portait des bagages intérieurs pesants. Mais j’avais une certitude absolue que cette parole est véridique et que le ciel pourrait être enfermé dans une bouteille, et l’eau de l’océan vidé avec une cuillère, mais que la véracité de cette parole ne passera jamais. J’ai décidé de la prendre à cœur et de la nourrir, et de m’aligner avec, et elle m’a beaucoup porté à travers les obstacles, et dans la souffrance, a été pour moi le phare qui m’a évité des précipices, ou la mort. J’encourage par expérience à considérer avec respect ces conseils évangéliques, car ils portent la force de la régénération, et des clés extrêmement profondes. Planter les graines de ces clés en vous, et les fruits que vous savourerez auront la saveur de la connaissance qui remplit l’être d’une lumière tout droit sortit de monde féérique.

C’est l’amour qui sauve, et ceux qui cherchent le pouvoir devrait changer leur désir de pouvoir en sens du service de tous, service de la part divine en tous. La aussi Jésus nous indique « que celui qui veut devenir grand devienne un serviteur ». 

Être au service, c’est adopter le langage de la nature, de l’univers, et avec persistance, au devient amis de l’univers. Shakti, la Mère, dans son texte mystique du Durga Saptasati ou Chandi Path, offre ce verset qui signifie à peu près « ceux qui s’inclinent devant Toi deviennent le refuge de l’univers ». S’incliner devant l’énergie de toute chose, offrir respect et service, c’est embrasser le centre, et devenir un foyer rayonnant. 

Ce n’est pas l’humain et surtout sa personnalité, venant de personna, le masque, qu’il faut glorifier. L’humain devient grand en se faisant petit. Comprenons nous bien, il ne s’agit pas de petitesse ou dévalorisation, ou fausse humilité mais déploiement du sens du service. Le corps peut aider autour à un certain niveau. La parole peut envelopper l’éther universel des échos des bénédictions joyeuses, et la pensée peut fertiliser de vie et de lumière l’univers entier. Pourquoi se limiter ? Apprenons à penser avec la profondeur de l’océan et l’infini du ciel, et la délicatesse des oiseaux qui portent les messages entre humains et les mondes supérieurs.

Ne devenons pas des copies des êtres qui nous ont inspirés, mais laissons nous toucher, inspirer pour que notre lumière puisse aussi se révéler avec notre sensibilité propre.

Chacun doit trouver sa clé pour s’éveiller, parler son langage. Le soleil déploie ses rayons sur toute la terre, mais chaque plante déploie sa nature propre. Elles ne se copient pas. Mais elles s’inspirent toutes de la même source qui les nourrit.

Krishna nous indique qu’il vaut mieux suivre son chemin, même imparfait, que de suivre le chemin d’un autre. Mais il est bon de se faire inspirer et guider par des ainées. Cependant, son chemin intérieur est propre à nous-même. Si tous les chemins mènent au cœur, ils sont loin d’être identique. Chacun doit vivre sa propre guidance en harmonie avec celui des autres.

Comment savoir si on est sur le bon chemin ? Le chemin de lumière est un chemin qui s’élargit enseigne Serge Boutboul, un chemin qui grandit sous nos pas. Il offre de grandes possibilités. Bien sur, il y a des obstacles, et parfois des épreuves, mais en marchant dans la bonne direction, on reçoit force et inspiration.

N’hésitons pas à nous relier à nos ainés, vivants et dans l’invisible, pour créer une toile faite des fils d’une conscience dénuée de sens du soi, pour laisser surgir la conscience du Soi, le mystère sans visage ni forme, jamais né, jamais mort, et pourtant, plus proche que notre propre souffle. Tissons les fils d’une nouvelle conscience, d’un nouveau ciel, d’une nouvelle terre. Nous ne sommes pas seul. Rêvons d’un monde plus vivant, plus vibrant, plus lumineux. Réunissons nous même ensemble pour souhaiter, rêver, prier. Lâchons les désirs personnels, et embrassons un chemin qui ne concerne pas que notre bien propre. Alors on découvrira certainement bien des amis sur le chemin, qui nous accompagneront bien au-delà de cette vie.

Soyons créatifs. Son potentiel lumineux peut contribuer de multiples façons à diffuser des rayons d’espoir et d’une vie nouvelle. Soyons les artisans du monde à venir, et déjà en esprit on commencera à venir s’y installer.

Je vais arrêter ici. Je ne savais pas vraiment ce que je voulais dire, mais j’avais besoin d’exprimer quelque chose qui voulait sortir. J’espère que la mise en forme reflétera correctement mon ressentis.

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