J’aimerais offrir une réflexion sur les perfections dîtes du Boddhisattva, car ces qualités offrent pour moi une perspective intéressante et une vision lumineuse sur les qualités du cœur. Je ne me place aucunement dans un discours « académique », mais dans une perspective individuelle sur ma manière de percevoir ces qualités, et comment en méditant dessus, je vois cela comme des principes guidant une conduite centrée sur le cœur. Aussi, je peux m’éloigner de la lettre de certains enseignements, car plutôt que de ressortir des choses apprises, il me semble plus important d’exprimer sa propre perception de l’enseignement, ce que l’on en comprend à un moment précis. La compréhension à mon sens n’est pas quelque chose d’acquis, mais qui s’affine de plus en plus, passant de la forme à l’essence. Au fur et à mesure que l’on se rapproche de l’essence, on se rapproche du cœur, et donc d’un espace d’intégrité, de lumière et d’amour en soi. C’est en cela que ces qualités appelés les 6 perfections sont à mon sens un sujet enrichissant : car cela parle du potentiel lumineux de l’être, d’un chemin lumineux.
Il est indiqué dans les enseignements bouddhistes 10 qualités ou plutôt perfection, « paramita », que cherchent à faire sienne les Boddhisattva, je vais parler des 6 principales.
Avant de parler de ces perfections, j’aimerais faire un détour rapide sur le sens de la prise de refuge, et des vœux dits de libération individuelle et de Boddhisattva.
La prise de refuge consiste à s’appuyer sur le Bouddha, le Dharma et la Sangha comme refuge et protection. Au niveau la plus basique, cela signifie devenir bouddhiste, en suivant les enseignements de cette tradition. Néanmoins, si on sort de la dimension religieuse, et qu’on cherche à s’approprier l’essence du refuge, le sens devient plus vaste et quitte la dimension religieuse pour embrasser la spiritualité commune à toutes les traditions authentiques. Prendre refuge dans le Bouddha, c’est réaliser que l’esprit de transparence, et la graine de l’omniscience réside en tous les êtres, et que l’on s’appuie dessus comme refuge. Ma protection, c’est la nature immuable, lumineuse, indestructible, comme l’espace, matrice de la lumière et de toutes qualités. Ce refuge est solide car il ne change pas, et on ne peux le perdre. Il demande simplement à être reconnus, et s’appuyer dessus. La nature de l’esprit est pur lumière et potentialités infinies. Dans le cœur de Soi, la croyance figée en un soi individuel n’est plus, et s’ouvre l’expérience de l’union de la félicité et de la vacuité à travers laquelle la sagesse de la vie s’exprime avec son plein potentiel.
Le Dharma, qui est l’enseignement du Bouddha, peut aussi être vue comme la compréhension des lois universelles, et aussi le fait de suivre son chemin lumineux propre. Ce chemin lumineux, qui est la joie qu’offre le cœur quand on s’en rapproche, correspond à ce qui fait vibrer l’Âme. C’est l’expression du plus haut potentiel de ce que l’on souhaite offrir, partager. Chaque chemin est unique, néanmoins, le chemin du cœur véritable ne serait jamais être en opposition avec un autre chemin du cœur, car tous ces chemins sont l’expression de la même essence, et exprimant l’amour, tous se fondent dans une unité qui ne s’oppose aucunement à une multitude de diversité de formes. Vivre en accord avec les Lois universelles, les lois de la vie, et suivre le chemin offert par son Âme, c’est suivre son propre Dharma. Le chemin spirituel peut être nourris de traditions, mais il ne s’y limite pas. Il ne répond pas à des dogmes, mais à la vibration profonde de son être le plus intime.
La Sangha qui est la communauté peut aussi se comprendre comme une idée de fraternité, et aussi la communauté des êtres de lumière avec lesquelles on se sent intime.
Aussi, prendre refuge, c’est en réalité se tourner vers la lumière de l’Etre.
Des vœux sont pris souvent. Ces vœux visent à adopter une conduite éthique. Le soucis, c’est que ces vœux se basent sur des formes, et une forme est toujours dépendante d’un contexte. Il est plus sage de viser un principe, qui lui est vrais tout le temps, et dont l’expression au niveau de la forme peut faire l’objet d’une souplesse en lien avec le contexte.
Les vœux de libération individuelle, en terme de principes, peuvent se résumer à l’idée suivante ; renoncer au mal du mieux de sa capacité. C’est à dire d’intégrer le principe : « ne fait pas aux autres ce que tu ne voudrais pas que l’on te fasse ». Cela est une armure, une protection. Car en réalité, tout est interdépendant, nous sommes les cellules d’un même corps qu’est l’univers. Ce que l’on fait aux autres, on le récoltera. Aussi, même par pur intérêt égoïste, il est recommandable de limiter les manifestations négatives de sa personnalité du mieux que l’on peut.
Les vœux de Boddhisattva expriment une intention vaste, profonde d’apporter du bien. Au niveau traditionnel, c’est embrasser la Boddicitta qui littéralement signifie « s’éveiller pour le bien de tous ». Cela peut se résumer avec l’idée d’embrasser une intention vaste, profonde, lumineuse qui enveloppe l’univers. Cette intention vaste, profonde, infinie, transforme l’esprit en océan, d’où émerge les qualités les plus profondes de son être. Jésus indique : « chercher le Royaume de Dieu et sa Justice et tout le reste vous sera donné par surcroit ». Il est important de considérer que le grandissement passe par l’autre. Si on contribue au grandissement d’une vie, c’est aussi la vie qui s’affine et s’élève en nous, et en tous.
Le Boddhisattva exprime 6 qualités particulière qui à mon sens sont porteuses d’enrichissement quand on médite dessus.
– La première qualité est Dana, la générosité. C’est à mon sens la qualité la plus importante, car elle exprime le Don de soi. Elle manifeste l’esprit de la source. De cette qualité, tout le bien viens à l’existence. Et c’est aussi le remède contre un des maux les plus dangereux, l’égocentrisme. En effet ce défaut est très sérieux et peux causer des ravages, car il nous fait concevoir l’autre comme un ennemi, et de là, nombre de karmas pas toujours positifs peuvent se produire. La générosité n’est pas simplement un don matériel. C’est un esprit porté vers le fait d’enrichir, d’apporter, de contribuer, d’aider, de laisser des empreintes lumineuses. Même en prenant, on peut donner. Par exemple, avoir de la reconnaissance, de la conscience, du respect, de la considération, c’est aussi donner. Offrir de l’attention, c’est aussi donner. Si on se positionne dans l’intention « comment puis-je contribuer à élever, enrichir, apporter quelque chose », les actions du quotidien deviennent source de mérites. On peut manger avec respect et considération. Marcher avec gratitude de pouvoir marcher. Respirer avec gratitude pour cet air offert. Pour la beauté des fleurs. Pour voir, entendre. On peut aussi avoir des pensées de bienveillances pour les autres, les bénir. Tout c’est c’est aussi donner. Transformer l’acte sexuel tourné vers le plaisir et acte sexuel tantrique, c’est aussi donner. En fait, sortir du « moi je », c’est l’essence de la générosité.
Si on comprend le mal que cause l’égocentrisme, on considérera que c’est vraiment l’ennemi numéro un. On croit se débarrasser d’un ennemi en l’éliminant, mais on ne fait en réalité que se charger d’un fardeau karmique. Et le véritable ennemi, l’égocentrisme, il est là constamment, dès le réveil, et au coucher. Si un moment on peut le voir pour ce qu’il est, un tyran malfaisant qui tire toutes les ficelles de la destruction et du malheur, alors on peut commencer à se libérer, couper petit à petit ces fils qui nous relie à ce « moi je » cristallisé, et embrasser le « nous ». Dans cet esprit de générosité, toutes les qualités peuvent grandir.
La générosité est l’eau qui fait fleurir le jardin intérieur. Quand il fleurit, les anges viennent se nourrir du parfum des fleurs.
Si on a du mal à développer cette offrande d’attention, on peut commencer quelques minutes par jour : prier, envoyer une bénédiction à une personne, un peuple, une plante, la terre. On peut penser « puissiez vous tous vous éveiller ». Et nourrir l’aspiration que cette qualité se développe toujours plus.
Quand il y a une souffrance, on peut penser « à travers cette souffrance, que toutes les afflictions des êtres se consument ». A travers un bonheur, on peut penser « ce bonheur, cette joie, cette énergie positive, qu’elle soit partagée avec tous ».
Dana, le don, est un ange. Avec lui, tout fleurit. Appelons le, nourrissons le chaque jour, et il s’occupera de nous nourrir avec les fruits de l’amour. Tout a une conscience, tout est vivant. Dana existe bien. C’est l’énergie de l’amour, expression de l’être véritable.
– La deuxième perfection est Shila, parfois appelé la perfection de l’éthique. Il y aurait beaucoup à dire sur ce sujet. Chaque société, tradition à son propre sens de la moral. Et même entre individus, la moral n’est pas toujours la même. Dans la tradition bouddhiste, il y a parfois la prise des vœux de Sojong. Ce sont des vœux associées à l’éthique, et qui sont pris avec l’intention d’être bénéfique à tous et de se purifier. Je n’ai pas de doute que cela soit certainement très bénéfique. Cependant, encore une fois, ce sont des formes qui sont présentés plutôt que des principes, et à mon sens, cela détourne parfois du véritable sens. Par exemple, le vœux de ne pas avoir de rapport sexuel, en soi, cela n’a aucun mérite. Ce qui fait de l’acte sexuel quelque chose de bon ou pas, c’est le contexte. Ce n’est qu’un exemple, mais on pourrait répéter cela pour beaucoup de voeux.
Shila à mon sens, est une noblesse de cœur, consistant à aligner ses pensées, ses sentiments, ses actes avec l’aspect le plus profond et intime de l’être. Cela évoque le fait d’être aligné avec son cœur. D’être intègre, sincère, respectueux, dans le sens d’être vrais.
Shila, c’est le questionnement sincère : « est-ce que cela est vraiment bon ? Quelle est mon intention ? Suis-je vraiment sincère ? ». C’est un processus constant d’alignement avec la verticalité de son être, c’est à dire l’éveil à la noblesse intérieur.
Cela consiste à sortir de la confusion dualiste, pour intégrer une attitude ou ses valeurs profondes sont révélées dans l’action du quotidien.
Evidemment, être impeccable est très loin d’être aisé, et on passe son temps à chuter, trébucher. L’important est de persévérer, et justement, faire preuve de compassion envers soi-même, c’est aussi Shila.
Il n’y a pas de règles absolues et véridiques en tout et partout. Qu’est ce que la véritable éthique ? Ancrer sa vie dans la sincérité du cœur, de l’être. C’est être sincère, et tendre vers une impeccabilité. C’est chercher à faire de son mieux.
Des personnes qui divorçaient avaient été interviewés dans un reportage. Ce que j’avais trouvé surprenant, c’était la question posée à ces personnes : « comment vous sentiez vous au moment du mariage ? ». Et les réponses étaient souvent « je le savais, ce n’était pas le bon choix ». Et une femme disait, à la réponse de « mais pourquoi si vous le saviez ? ». Elle répond qu’elle voulais se sentir une reine l’espace d’une journée. Une autre disait « le traiteur et tout ça… sont présent, on ne peut pas revenir en arrière ».
Très loin de moi l’idée de juger, je suis loin d’être un modèle pour écouter toujours cette petite voix en permanence ; si je donne cet exemple, c’est que j’ai trouvé intéressant que ces personnes, au fond d’elle, en tout cas celons leurs dires, « savaient ».
N’a t’ont pas souvent une « petite voix » qui parle à l’intérieur et qu’il est sage d’écouter ?
Le « bon » choix peut parfois être de ne pas aider une personne, de se séparer d’une relation, de taper du poing sur la table. Le « bon » choix c’est aussi parfois être patient envers et contre tout, être avec une personne que la famille peut rejeter car d’une autre condition sociale. Le « bon » choix n’est pas fixe. Le choix juste, c’est celui qui s’ancre dans son intégrité la plus profonde.
Si on sens qu’on est porté vers des choses que l’on n’aime pas, et que l’on n’arrive pas à se séparer de ces tendances mauvaises, faire preuve de compassion, c’est important. On peut simplement poser des aspirations d’améliorer ces choses, et de faire du mieux que l’on peut. Petit à petit, des sillons d’une autre voie se présenteront.
Shila, c’est la noblesse du cœur plus qu’une simple éthique. Si on vie avec intégrité, avec sincérité, on porte l’armure d’une éthique qui n’est pas imposée de l’extérieur, mais qui provient de sa propre boussole intérieur.
Si véritablement on est en contact avec son être, et non sa sentimentalité et ses caprices, automatiquement, le comportement va tendre vers le respect des lois universelles.
– Kshanti, la patience. On dit de la patience qu’elle est mère de toutes les vertus. Cependant, ici il ne s’agit pas d’une patience « idiote », ou on reste devant un lopin de terre en attendant que ça pousse alors qu’on n’a rien semé. Ce n’est pas non plus la patience masochiste qui justifierait de se faire maltraiter sous prétexte qu’il faut endurer sans rien dire ou faire. Ce n’est pas non plus simplement supporter sans chercher à améliorer son sort.
Cette patience là est fondé sur la croyance fondamentale en la bonté intrinsèque de l’être, et en son propre travail. Si on sème des graines, alors la patience permettra d’obtenir une récolte, alors que la précipitation, que nous ferait sortir les graines constamment pour voir si elles poussent bien, empêcherait aux plantes d’apparaître.
Si on a foi dans le fait que l’être humain, dans son essence, porte la bonté, et que le mal est de l’ignorance acquise, ou un fruit pas encore mure, alors ce regard, appuyé par la patience, peut faire des miracles.
Dans le chemin spirituel, il ne faut pas être pressé. Si on se demande tous les jours quand est-ce qu’on va avoir telle qualité, ou obtenir tel résultat, on risque de se décourager et de ruiner ses efforts. Il s’agit de travailler, et d’avoir confiance dans les lois de l’univers. Si une graine a été planté, on peut avoir confiance, si le soleil et l’eau sont présents, qu’on obtiendra une plante. Mais si on ne sème rien, on n’obtiendra rien. Aussi, la patience se base sur la confiance. On fait ce qu’il faut, les choses se feront.
Aussi, il est intéressant de savoir que les choses acquises par le mal ont un cout qui n’est pas toujours visible, mais qui est toujours présent. Et qu’avec le temps, viens la justice, c’est à dire que chacun est mis en face de sa copie, et chaque chose trouve sa place. Cela peut aussi se faire dans les prochaines vies. Avec la patience, viens aussi la justice, qui n’est pas une jouissance à l’idée de savoir qu’il y aura rétribution, mais plutôt que les choses trouvent leur juste place, et que ce qui était peut-être mis de côté car « pas assez brillant » pourra retrouver aussi sa place qui lui correspond.
La patience qui se fonde sur la confiance dans les lois de la vie, et dans la bonté intrinsèque de l’être, nous aide aussi à ne pas nous décourager devant le spectacle qu’offre le monde. En se sens, Kshanti protège Shila, la patience protège l’éthique.
Pour avoir la patience véritable, il faut se tourner vers le Ciel. Si ce sont les regards des autres qui motivent nos actes, un rien nous découragera. Mais si on fait les choses parce que pour nous, elles sont justes, alors une patience peut naitre.
Cette qualité est immense, et révèle une très grande sagesse, car elle s’appuie sur une compréhension profonde des choses et honore le temps. Cette qualité provient de la sagesse.
Même si un fruit est inmanageable aujourd’hui, la patience, c’est aussi savoir qu’un jour, il sera mangeable. C’est adopter un regard qui va bien au delà des apparences, et plonge dans la profondeur des âges.
Cette qualité est de l’or pur. Elle est le regard du sage, profond, qui bien que voyant nos imperfections et erreurs, plonge dans toutes nos possibilités les meilleurs, dans notre avenir le plus haut, même au delà de cette vie, et qui nous nourrit d’un amour qu’il est difficile de mettre en mot.
Devant un tel regard, tout s’efface. Cette qualité est la mère des vertus, car elle les voit même là ou personne ne peut encore les voir. Et parce qu’elle les voient, elles les nourrit et aide à leur venus, un jour, ou l’autre, même dans la prochaine, ou les prochaines vies.
A un niveau plus prosaïque, l’entrainement à la patience, qui est un énorme défis je trouve, porte de grandes bénédictions. Son inverse est la colère. Et combien de dégâts terribles la colère produit. Sur le cout d’une colère, on a des mots terribles, et ensuite, combien de temps, d’efforts pour corriger, rectifier. Parfois, un temps de patience, et on se dit « heureusement que j’ai attendu avant d’agir, j’aurais provoquer des catastrophes ».
En priant, on peut demander la grâce de grandir dans cette qualité, et toutes les suivantes.
– Virya, ou l’activité tournée vers le bien, également l’effort, la persévérance. Il est très important d’agir, et de ne pas simplement rester au stade de la pensée. C’est par la pratique que les choses se font. C’est par les efforts qu’on franchit des seuils. C’est par l’activité que l’on se transforme.
La Terre exige l’activité. Pour récolter, il faut semer. C’est aussi la grâce, Kripa en sanskrit : je récolte ce que je sème.
Dans des traditions orientales, il y a parfois eu des proposition de renoncement à l’action, et des renoncements à l’égoïsme de l’action. La Bhagavad Gita met en garde contre le fait de renoncer à l’action. Il s’agit plutôt d’effectuer des actions justes, mais dans un esprit d’offrande, détaché des fruits de l’action. Il est dit qu’une épine peut enlever une autre épine, l’action peut dissoudre le karma, et par la compréhension de ce qu’enseigne Krishna dans la Bhagavad Gita, se tiens le secret de la libération du karma, par l’action désintéressée, comme offrande.
Une action juste, c’est l’action qui est libérée des chaînes de l’égocentrisme. C’est une action qui s’élève comme offrande à la vie. C’est une action qui est détachée de la chaîne du « moi je ». Jésus nous indique « que ta main gauche ignore ce que donne ta main droite ». Et également « Ton père, qui réside dans le Secret, te le rendra ».
Qu’est ce qu’une action spirituelle ? Une action qui porte une intention spirituelle. Un orphelinat construit pour les enfants, pour apaiser la souffrance, pour contribuer à du bon est spirituel. Si il est construit pour qu’on dise de lui qu’il est vraiment un être incroyable, Jésus dira « il a déjà reçus sa récompense ». Ensuite, faire du bien, même avec une intention égocentrique, est toujours mieux que de rien faire, et il y aura quand même des bénéfices. Pour grandir sur un chemin spirituel, les ouvrages de Serge Boutboul sont pour moi des références où les clés sont offertes avec générosité et clarté.
La matière est coriace, et pour la modeler, la transformer, lui donner une direction voulue, il faut des efforts, de la persévérance. Répéter encore et encore. Travailler, se mettre en action, avec régularité. Et là, des résultats arriveront.
C’est aussi cet effort tourné vers la vie : chaque jour, je place un élément pour construire mon édifice intérieur, ou pour nourrir le Royaume de Dieu. Même si c’est petit, tous les jours, je tend vers un mieux. Je suis comme un pèlerin, dirigé vers la patrie de son Père, et chaque jour, c’est l’occasion de faire un pas, aussi petit soit-il.
C’est dans l’activité que s’exerce la volonté, et en elle, se tiens la force de trancher les ronces du chemin et de nourrir l’imagine divine inscrite en soi. Et dans la volonté se trouve une véritable joie. On devient actif, on transmet, on devient vivant.
Des personnes parfois testent une approche et une semaine plus tard ils sont sur autre chose, et ainsi de suite. Cela n’amène pas grand chose. Quand on a trouvé un chemin qui est le bon, qui nous parle, il faut le suivre, et ne pas se soucier du temps. C’est la persévérance qui porte les fruits.
Même si on suit des tas de chemin différents en apparence, cela n’est pas vraiment problématique du moment que tous les efforts tendent dans une seule direction. A ce moment à travers des tas d’approches, on creuse toujours en réalité le même trou, et un jour, on trouvera une source.
Angelus Silesius dit que l’humain sage cherche une seul chose, sublime, alors que l’humain « ordinaire » a des milliers de désirs. Je dirais que ce désir unique, c’est un désir immense qui englobe tous les autres en les élevant vers ce qui est le meilleur. Par exemple l’idée du grandissement intérieur, ou du Royaume de Dieu.
C’est par le travail intérieur que l’on se forme et se transforme. L’eau prend du temps pour travailler la roche, mais elle y arrive. Le soleil c’est notre intention, qui met en branle l’air, la pensée, qui travail sur l’eau, le sentiment, qui façonne la terre. Et chaque jour, c’est à nourrir, encore et encore.
Le Rabbi Nahman de Bratslav, un grand mystique Kabbaliste, disait, si mes souvenir sont bon, que si on a pas la force de réciter une prière, on peut au moins en lire une partie, même quelques mots. L’effort porte toujours ses fruits.
Si le corps est trop fatigué, au moins par la pensée, on peut agir, travailler. C’est notre plus puissant moyen d’action.
Même si on a un défaut qui semble insurmontable, car c’est comme une montagne, si chaque jour on décide de déplacer une pierre, un jour on la déplacera. Et devant cette volonté inflexible, ce courage, les forces de lumière viendront nous aider. Et on se rendra compte que cette montagne se déplace plus rapidement qu’on le croit.
Nourrissons un sankalpa, ces déterminations ardentes. Maurice Daubard, le grand yogi des extrêmes au grand cœur, indique : « Ne pas s’identifier à nos dépréciations morales et physiques, tout en se définissant à devenir l’inverse, c’est la voie du SANKALPA ».
– Dhyana, ou perfection de la méditation. Un blog n’est pas un endroit approprié pour parler de ce sujet en détail, de plus je ne suis certainement pas un expert sur le sujet et bien d’autres sont bien plus à même de parler en détail de cette pratique. Cependant, pour rester sur des aspects très généraux, il est bon de tourner le regard vers l’intérieur de l’être. Tout le temps nous sommes attirés vers l’extérieur, nos sens dirigés vers ce qui les stimule. Et ensuite naissent les désirs, l’aversion, on court de partout, et on s’oublie. Qui sommes nous vraiment ? Pourquoi sommes nous ici ? Quel est la nature de mon esprit ? Ces questions puissantes nous amène à l’intérieur de nous-même, nous font traverser la superficialité des désirs, et nous amène à mieux nous connaitre. En plongeant en soi, on se découvre, et on découvre en réalité l’univers, car le monde extérieur, objectif, est une projection du monde intérieur.
On peut aussi dire que le monde intérieur est le monde des causes, et le monde extérieur, bien objectif, le monde des conséquences. Aussi, quand on veut changer le monde, pourquoi ne pas le faire au niveau des causes ? En changeant notre monde intérieur, nos croyances, notre regard, notre vibration, on changera notre expérience du monde.
Aussi, voulez vous une vie avec plus de couleurs ? De beauté ? Aider à l’atteinte d’objectifs de vie ? Si vous plantez les causes de cela en vous, les effets se produiront. Tout ce qui est loi d’attraction… se base sur sur ce principe. Le monde extérieur est une projection du monde intérieur. Aussi, pour changer le monde objectif, changez le rêve. Pour cela, méditez, plongée en vous, et transformer le rêve de votre vie. Utilisez des affirmations, de la visualisation, conjuguée la force électrique d’une intention avec la puissance magnétique d’un sentiment vibratoirement élevé, et vous allez amenez des changements. Demandez que tout se fasse en accord avec votre bien le plus haut, et celui de tous. Un vrais gain est un gain pour tous.
Et face à l’état déplorable du monde, pourquoi ne pas contribuer, à notre petit niveau, à changer le rêve collectif ? Pourquoi ne pas, chaque jour, prendre un petit temps pour imaginer un monde ou la fraternité s’est réalisée ? Et le sentir, le vivre, le respirer, déjà le toucher ? Comment serait le monde avec le Royaume de Dieu réalisé ? Jouez avec cette idée. Explorez la. Elle peut tout vous apporter.
Néanmoins, cette perfection n’est pas qu’un moyen de réaliser ses souhaits, mais aussi de se découvrir, et de s’éveiller. Qu’est ce que la nature de notre esprit ? Qu’elle est cette claire lumière de l’esprit ? Puis-je la contacter ? En faire l’expérience ? Toucher ce qui est au-delà de la vie et de la mort ? toucher l’essence de l’être ?
En contactant les aspects les plus profonds de soi, on quitte justement le petit soi, le sens de séparation, pour embrasser l’océan infinis du Grand Soi, un aspect de la conscience qui n’a plus rien d’égotique et vibre en tout et partout.
Prendre un temps chaque jour pour se découvrir, s’est investir sur ce qui ne nous quittera jamais. Il ne s’agit pas d’abandonner le monde, mais de prendre un temps, chaque jour, même petit, pour se tourner vers ce qui ne nous quittera jamais, et nous accompagnera au delà de toutes nos vies. C’est trouver la vrais richesse.
Autour du « moi je » tourne la roue des réincarnations. S’en libérer, en le changeant par une dimension universelle, on se libère.
– Prajna, ou la sagesse. Cela renvoie à la compréhension de la vacuité. Ce n’est pas une croyance, ce n’est pas une construction mentale. Ce n’est pas bouddhiste. C’est la manière dont sont les choses. Comment sont-elles ? Interdépendantes. Rien dans l’univers, rien dans ce qui est apparent, n’existe de façon indépendante et séparée. Tout dépend de tout. Par exemple, une plante dépend de l’eau, de la terre, du soleil. Nous dépendant d’organes, qui dépendent de la nourriture, qui dépend de la terre, qui dépend d’argent pour être acheté, qui dépend de notre travail, qui nécessite des transports… tout peut être divisé en sous-éléments, et ainsi de suite.
Et si tout est interdépendant, alors l’égocentrisme est une fermeture à la vie. Pourquoi se fermer de tout l’univers, alors que tout dépend de tout ? Cette bulle d’égocentrisme est une grande souffrance.
Et comme tout est interdépendant, rien n’a de sens « en soi ». Les choses ont un sens en fonction du contexte, et surtout ont le sens qu’on leur donne. Paris est-elle une belle ville ou il fait bon vivre ? Cela dépend de qui. pour un touriste, sans doute. Pour un parisien, cela va dépendre de différents facteurs, et même du temps, de l’époque. C’est totalement relatif. Paris est un champ de potentiel, un nom, un concept apposé sur une réalité. De cette réalité, on extrait des expériences qui sont influencées par le regard qu’on lui porte.
Sachant que rien n’a de sens propre, il est erroné de dire qu’une chose sur terre serait intrinsèquement bonne ou mauvaise. Par exemple, chez les bouddhistes tibétain, le tabac est démonisé, et chez les Lakota par exemple, il est divinisé. C’est toujours la même plante. Cela dépend du regard, des usages.
Les traditions tantriques se sont construites en rejet d’une vision rigide de la pureté chez les Brahmanes, ou les distinctions entre pur et impur sont très marquées. Il y a eu des « festins tantriques » ou la viande et l’alcool, des sources de pollution chez les brahmanes, sont absorbées avec une dimension ritualisée, permettant à ces ingestions de transcender la notion de pur et impur, et de faire de ces éléments mal vus mais neutre en réalité des forces qui élèves et grandissent.
De nos jours, il y a toujours des festins tantriques, appelés tsok ou ganachakra. Il y a une dimension extrêmement profonde dedans, néanmoins, si la viande et l’alcool sont encore utilisés, je ne pense pas que cela aide beaucoup à transcender des notions rigides sur la pureté. En fait de nos jours, il faudrait peut-être plutôt songer à remettre des règles avec intelligence et bon-sens plutôt qu’à faire sauter le minimum de règles qui reste encore comme garde fous.
A un niveau relatif, dans le monde de tous les jours, bien que les choses n’aient pas d’existence indépendante et séparée du reste de l’univers, elles n’en sont pas moins apparentes et bien réelles. Il s’agit donc d’agir avec sagesse, intelligence et prudence. Par contre, au niveau de la réalité absolue, rien n’existe du tout, et pourtant, ce n’est pas un vide dans un sens nihiliste. Le grand danger est de confondre les deux réalités.
Ce que cette sagesse, de manière très pragmatique peut nous enseigner, c’est qu’on dépend des autres, de l’univers. Est-ce qu’on pense à remercier ? A offrir de la gratitude ? Si on le faisait 5 minutes par jour, notre vie se transformerait. A t’ont aussi confiance que rien de grand ne se fait « tout seul », mais qu’on dépend de la bienveillance des autres ? Et nous mêmes pouvons contribuer aussi à faire grandir l’autre. Egalement, ce que cette sagesse invite, c’est de lâcher la fixation sur les formes en leur donnant un sens absolue. Dans leur dimension relative, on peut les transformer, et enrichir notre expérience avec eux. Si on pense qu’une personne est un imbécile finit, on nourrit et influence certains rapports avec cette personne. Si on se dit que bien que peut-être nocive et qu’il faut se méfier, elle est aussi enfant de Dieu, alors on influence à la fois cette personne et nous-même, et aussi les rapports avec cette personne.
Le regard porté sur les choses, et la manière de les considérer change notre relation avec elles. Si on considère avec respect les rayons du soleil, une puissance guérisseuse peut se révéler dans leur présence et actions, cette force subtile étant inconsciemment rejeté si on fait les choses prosaïquement.
La manière de considérer les choses est une clé qui mérite d’être étudiée, car elle peut ouvrir de très nombreuses portes.
Par exemple, celons la manière de considérer la nature, elle ne nous relie pas du tout aux mêmes choses. Si vous considérer une plante, la rose par exemple, comme une expression végétale de Vénus, la rose pourra vous apporter, et vous enseigner, à des niveaux étonnants.
Pour étudier plus en avant la sagesse reliée à la vacuité, il y a de très nombreux ouvrages. A titre personnel, je recommanderais « Mother of the Buddhas » de Lex Hixon.
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Il existe aussi d’autres perfections, au nombre de 10, mais ces six sont essentielles. J’ai choisis d’en parler et de me servir de ce schéma offert par le bouddhisme tantrique, car je les trouve assez parlante et intéressante. J’espère que ces partages d’idées et de perceptions vous apporteront de l’inspiration.